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David Darmon est médecin généraliste, professeur des universités, et directeur du département d’enseignement et de recherche en médecine générale à Nice.
C'est une sommité au niveau français et même international.
Nous parlons beaucoup d'IA. un peu tous les jours désormais (au moins dans mon cercle) et évidemment on a beaucoup entendu que l'IA allait remplacé les médeçins généralistes car plus accessible (en particulier quand vous êtes dans une zone éloignée des centres urbains).
Et ca tombe bien car David Darmon a passé les 10 dernières années à comprendre aux impacts de l’intelligence artificielle sur le monde de la santé.
Il était donc plus que naturel de l’inviter dans Vlan! pour discuter de ces transformations profondes.
Dans cet épisode, nous parlons de la manière dont la médecine évolue à l’ère de l’IA, mais aussi de ce que cela dit de notre rapport à la santé, aux médecins et à la prévention. J’ai questionné David sur les maladies chroniques devenues la norme, sur l'inefficacité de notre système à répondre à cette nouvelle réalité, et sur la nécessité de repenser notre approche – non plus seulement curative, mais véritablement préventive.
Nous avons également évoqué les déserts médicaux, les limites de notre système de formation, les dangers d’une médecine trop technicisée, mais aussi les opportunités qu’offre l’IA : accompagnement personnalisé, délégation intelligente, suivi asynchrone... sans jamais perdre de vue l’humain au centre du soin.
David partage aussi des initiatives passionnantes menées à Nice, notamment autour du partenariat avec les patients – une vision de la médecine profondément collaborative et empathique, loin des clichés sur le manque d’écoute du corps médical.
Un épisode riche, à la fois ancré dans le présent et tourné vers l’avenir, qui interroge notre manière de vivre... et de prendre soin.
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Jérôme Colin est journaliste, écrivain et réalisateur.
Dans cet épisode, nous parlons de son dernier roman Les Dragons, une plongée bouleversante dans l’univers psychiatrique des adolescents.
Ceci est un extrait de l'épisode que nous avons enregistré ensemble car cette semaine j'ai découvert la série "adolescent" qui m'a bouleversé de justesse et m'a fait pensé à cet épisode que nous avions enregistré ensemble.
Je me suis dis que c'était important de ressortir cet extrait et peut être vous donner envie d'écouter l'intégralité de l'épisode bien sur.
Dans cet extrait nous parlons en particulier du mal être des adolescents, de maladie mentale!
J’ai rencontré Jérôme dans un moment rare, intense, presque brut.
Il m’a parlé de ces ados qui ne veulent plus vivre, non pas parce qu’ils sont ados, mais parce que le monde que nous leur proposons est devenu invivable.
Jérôme a fait une immersion de trois mois dans un centre psychiatrique pour écrire Les Dragons, et ce qu’il a entendu m’a profondément ébranlé : « Ce n’est pas l’adolescence, c’est la main de l’homme. »
J’ai questionné Jérôme sur notre responsabilité d’adultes, sur l’école comme fabrique à normativité, sur la solitude imposée par la société, sur la difficulté à offrir un idéal mobilisateur à notre jeunesse. Mais aussi sur ce que ça veut dire d’aimer inconditionnellement son enfant, même quand il va mal.
Un épisode fort, qui ne laisse pas indemne.
Citations marquantes
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Christopher Laquieze est un penseur autodidacte à la trajectoire singulière.
Il n’a pas étudié la philosophie dans un cadre académique classique, mais a construit sa sagesse à travers les épreuves de la vie, la lecture passionnée et une quête personnelle du sens.
Il est l’auteur du livre Le Silence de la Joie, une œuvre aussi poétique que profondément philosophique.
J’ai découvert Christopher à travers son compte Instagram qui cumule plus de 300 000 followers et que je suivais avec beaucoup d’intérêt, intrigué par la densité et la lucidité de ses propos.
Et ce que je peux vous dire, c’est que notre rencontre ne m’a pas déçu — bien au contraire.
Dans cette période un peu dystopique et effrayante, j'avoue envie de vous parler de joie et de la manière dont on pouvait la trouver.
Et ca tombe bien, dans cet épisode, nous avons plongé ensemble dans une réflexion vertigineuse sur le silence, la joie, le réel et la réalité.
Nous avons parlé du silence de la joie, cette joie qui naît sans cause, comme un souffle venu du fond de l’âme.
Une joie qui, pour Christopher, est un cri, une forme de révolte face à l’absurdité du monde.
J’ai voulu comprendre ce que signifiait pour lui cette forme de joie silencieuse, mais aussi pourquoi il considérait le monde comme “tragique” et comment, malgré tout, il choisit d’y affirmer son existence.
Christopher m’a partagé son parcours : une adolescence chaotique, une dépression sévère, une dérive dans la spiritualité dogmatique, et enfin, une renaissance à travers la philosophie.
Une philosophie brute, vécue, ancrée dans le réel. Il raconte comment la philosophie l’a aidé à déconstruire des croyances, à abandonner des illusions, mais aussi comment elle peut être déstabilisante, voire destructrice.
Nous avons abordé la notion de désir — non pas comme manque, mais comme élan vital — et évoqué des penseurs majeurs : Spinoza, Nietzsche, Camus, Clément Rosset, Pessoa... Autant d’influences qui éclairent sa pensée et nourrissent ses réflexions.
Dans cet épisode, j’ai questionné Christopher sur le développement personnel, les dangers de la pensée positive poussée à l’extrême, la mémoire, la solitude, l’amitié, et cette idée si bouleversante : peut-on vraiment “passer à côté de sa vie” ?
C’est une conversation d’une rare intensité, lucide, parfois brutale, mais toujours profondément humaine. Une plongée dans l’âme, un dialogue avec nos zones d’ombre, et une invitation à repenser ce que signifie vivre avec joie, malgré tout.
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Christopher Laquieze est un penseur autodidacte à la trajectoire singulière.
Il n’a pas étudié la philosophie dans un cadre académique classique, mais a construit sa sagesse à travers les épreuves de la vie, la lecture passionnée et une quête personnelle du sens.
Il est l’auteur du livre Le Silence de la Joie, une œuvre aussi poétique que profondément philosophique.
J’ai découvert Christopher à travers son compte Instagram qui cumule plus de 300 000 followers et que je suivais avec beaucoup d’intérêt, intrigué par la densité et la lucidité de ses propos.
Et ce que je peux vous dire, c’est que notre rencontre ne m’a pas déçu — bien au contraire.
Dans cette période un peu dystopique et effrayante, j'avoue envie de vous parler de joie et de la manière dont on pouvait la trouver.
Et ca tombe bien, dans cet épisode, nous avons plongé ensemble dans une réflexion vertigineuse sur le silence, la joie, le réel et la réalité.
Nous avons parlé du silence de la joie, cette joie qui naît sans cause, comme un souffle venu du fond de l’âme.
Une joie qui, pour Christopher, est un cri, une forme de révolte face à l’absurdité du monde.
J’ai voulu comprendre ce que signifiait pour lui cette forme de joie silencieuse, mais aussi pourquoi il considérait le monde comme “tragique” et comment, malgré tout, il choisit d’y affirmer son existence.
Christopher m’a partagé son parcours : une adolescence chaotique, une dépression sévère, une dérive dans la spiritualité dogmatique, et enfin, une renaissance à travers la philosophie.
Une philosophie brute, vécue, ancrée dans le réel. Il raconte comment la philosophie l’a aidé à déconstruire des croyances, à abandonner des illusions, mais aussi comment elle peut être déstabilisante, voire destructrice.
Nous avons abordé la notion de désir — non pas comme manque, mais comme élan vital — et évoqué des penseurs majeurs : Spinoza, Nietzsche, Camus, Clément Rosset, Pessoa... Autant d’influences qui éclairent sa pensée et nourrissent ses réflexions.
Dans cet épisode, j’ai questionné Christopher sur le développement personnel, les dangers de la pensée positive poussée à l’extrême, la mémoire, la solitude, l’amitié, et cette idée si bouleversante : peut-on vraiment “passer à côté de sa vie” ?
C’est une conversation d’une rare intensité, lucide, parfois brutale, mais toujours profondément humaine. Une plongée dans l’âme, un dialogue avec nos zones d’ombre, et une invitation à repenser ce que signifie vivre avec joie, malgré tout.
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Cet épisode est une lecture de ma newsletter disponible ici. Vous pouvez retrouver la vidéo de cet épisode sur Youtube sur la chaîne de Vlan!
Dans cette époque particulièrement dystopique, la gentillesse trône au sommet de la hiérarchie des vertus recherchées.
On la réclame, on la valorise, on l'érige en panacée contre toutes les violences contemporaines. Partout, on implore la bonté, on quémande la générosité, on s'abreuve avidement aux sources des énergies positives.
Et je m'y plie avec dévotion depuis ma plus tendre enfance.
Je me suis toujours défini comme un « gentil » et c'est probablement ainsi que mon entourage me décrirait sans hésiter quoique c’est sans doute présomptueux de ma part.
Mais cette vertu tant louée dissimule-t-elle des zones d'ombre que je refuse obstinément de reconnaître ou plutôt contre lesquelles je ne travaille pas assez?
Il y a quelques mois, le jour de mon anniversaire, une amie autrice britannique, Taiye Selasi, m'a lancé cette phrase qui m'a ébranlé : « The problem, Greg, is that you are a nice guy when you should be kind instead ».
Encore une fois, une nuance linguistique anglaise qui m'échappait. Car comme vous sans doute, à cet instant précis, j'étais incapable de distinguer entre « nice » et « kind », les deux se fondant dans le même mot français : « gentil ». Je lui ai donc demandé d'éclairer ma lanterne.
Elle m'a expliqué que « kind » incarnait une forme de bienveillance et de bonté du cœur qui circule dans les deux sens – envers les autres, mais aussi, et c'est crucial, envers soi-même.
Une personne « kind » connaît intimement ses propres limites et pose des frontières claires aux autres. Tandis qu'une personne « nice » serait rongée par un besoin viscéral d'être aimée, au point que toutes ses barrières s'effondrent – transformant cette prétendue qualité en authentique défaut.
Elle m'a alors recommandé la lecture de « No More Mister Nice Guy » de Robert Glover, que j'ai reçu sans tarder sur Vlan !
L'épisode étant en anglais, j'ai décidé d'en faire cette newsletter pour vous expliquer pourquoi ce sujet me touche personnellement, et partager avec vous ce que j'en retire.
Il y a tant de personnes méchantes et sournoises dans ce monde, pourquoi donc questionner la gentillesse ?
Existe-t-il véritablement un « syndrome du gentil » ?
La gentillesse pourrait-elle cacher des faces obscures ? Comment être gentil de manière juste ? Doit-on adhérer entièrement à la réflexion de Robert Glover ? Quelles critiques peut-on lui adresser ?
Pour saisir pourquoi ce sujet me touche particulièrement, je dois vous embarquer dans la construction de mon identité, et je pressens que cela résonnera avec certains d'entre vous.
Ma mère n'était pas fondamentalement maltraitante, mais elle nous battait, mon frère et moi, de façon régulière (oui j’ai traité le sujet avec elle depuis).
J'ai donc appris très tôt cette équation fatale : pour être aimé, il fallait être gentil, se plier en quatre pour tenter désespérément de faire plaisir.
Bien sûr, je suis naturellement doté d'une bonté et d'une générosité profonde, mais vous remarquerez sans doute que la gentillesse dans laquelle je me suis enfermé n'était pas authentiquement la mienne. J'y reviendrai.
Mon objectif premier ? Éviter les coups, tout simplement, mais surtout – gagner l'amour de ma mère. Cela implique que j'ai également intégré l'idée que les coups pouvaient s'entrelacer à l'amour – mais c'est un autre sujet que j'explorerai en temps voulu.
Mon enfance s'est structurée sur ces fondations : la gentillesse comme mécanisme instinctif de protection et le rire comme échappatoire vitale. Comment refuser d'aimer une personne gentille ? Une personne qui s'évertue à devancer vos moindres attentes ?
Au fil des années, je me suis métamorphosé en véritable caméléon, tentant de devenir ce que j'imaginais que les autres attendaient de moi, fuyant le conflit comme la peste.
Il y a évidemment une part naturelle de socialisation et un besoin viscéral d'appartenance dans tout cela.
Particulièrement quand, comme moi, vous êtes métis sans racines solides d'un côté puisque « descendant d'esclaves », portant le fardeau de la culpabilité d'être différent, écrasé par la pression sociétale d'être un « bon français », ce qui en France, avec notre modèle d'intégration républicaine, suppose d'être « plus blanc que blanc ».
Ma mère nous a inculqué très tôt l'obligation d'être plus polis, plus irréprochables que quiconque, nous martelant régulièrement cette question : « qu'est-ce qu'ils vont penser ? ».
Déjà qu'on nous montrait du doigt dans le village de mes grands-parents paternels – il semblait évident qu'on devait faire profil bas.
Cqfd : cette stratégie est vouée à l'échec. On vous reprochera toujours votre couleur de peau jusqu'à ce que vous vous intégriez socialement, c'est-à-dire jusqu'à ce que vos revenus ou votre statut vous permettent de transcender cette réalité.
Et même dans ce cas, dans certains contextes, cela reste illusoire.
Pour être sincère, les gens tombent toujours des nues quand j'évoque le racisme ordinaire qui a jalonné mon existence, car après tout « on ne dirait pas vraiment que tu es noir toi, on pourrait penser que tu es italien, israélien, libanais, marocain, etc. ».
J'ai entendu cette phrase un nombre incalculable de fois et ma réponse reste invariablement la même : « ce qui est certain, c'est que je ne suis pas blanc, et je peux t'assurer que la rue, la police, les institutions me le rappellent régulièrement ». Je vous le confie ici : je suis né d'un père bourguignon et d'une mère martiniquaise, elle-même métisse noire et indienne – et aujourd'hui, j'en porte fièrement l'héritage.
Par ailleurs, il faut savoir qu'une règle tacite règne presque universellement (y compris sur les continents africain et asiatique) : plus la peau est claire, plus on vous valorise – le noir occupant le bas de l'échelle, particulièrement pour les femmes malheureusement pour elles, les études sont unanimes.
Je vous raconte tout cela car ce phénomène a exacerbé un complexe qui grandissait insidieusement en moi.
Comme Robert Glover l'explique, être un "nice guy" suppose de dissimuler sa véritable nature pour éviter de froisser quiconque.
Cette dynamique rappelle étrangement le "doublethink" décrit par Orwell dans "1984" – cette capacité à maintenir simultanément deux croyances contradictoires. D'un côté, notre authenticité profonde, et de l'autre, l'image que nous projetons pour être acceptés.
Le terme qui définirait le plus justement ce type de gentillesse serait peut-être « débonnaire », qui signifie selon le Larousse « être bon jusqu'à la faiblesse ».
Un terme rarement utilisé mais qui capture parfaitement ce que Robert Glover décrit, et que j'adopterai désormais dans cette newsletter pour définir ce type de « gentillesse ».
Cela me permet en outre de préserver le terme « gentil » qui me semble fondamentalement précieux.
Les débonnaires, donc, sont tellement obsédés par la dissimulation de leur véritable nature et par les désirs des autres qu'ils en oublient leurs propres aspirations.
Une voix intérieure nous souffle : « ça sera plus simple comme ça, sinon ça va créer du conflit et on doit pouvoir l'éviter ». Deux scénarios se présentent alors : soit notre interlocuteur, presque malgré lui, repousse les limites et devient maltraitant – un comportement infantile qui révèle le besoin que quelqu'un fixe des frontières.
Soit le débonnaire accumule tant de frustrations qu'il finit par exploser, provoquant précisément les tensions qu'il s'efforçait d'éviter.
Dans les deux cas, nous sommes inéluctablement perdants.
Selon Robert Glover, la débonnaireté s'enracine dans deux terrains principaux : une honte toxique accompagnée d'une petite voix intérieure qui murmure « je ne suis pas assez bien comme je suis » ou simplement « je ne suis pas assez », et une angoisse dévorante d'être abandonné ou blessé.
On retrouve ici les personnes avec un attachement anxieux. J'ai d'ailleurs consacré un épisode de Vlan ! à ce sujet, si vous souhaitez l'approfondir.
En deux mots, la théorie de l'attachement, développée par John Bowlby, distingue trois types principaux d'attachement : anxieux, sécurisé et évitant. Ces modèles d'attachement se forgent généralement durant l'enfance.
L'attachement anxieux se développe lorsque la réponse aux besoins émotionnels de l'enfant est imprévisible ou incohérente.
En grandissant, ces individus vivent dans la crainte perpétuelle de perdre l'affection ou l'attention d'autrui, cherchant à compenser cette insécurité fondamentale par des comportements de dépendance affective marqués.
Une personne ayant développé un attachement anxieux sera particulièrement vulnérable à la codépendance.
Elle s'enferme dans une dynamique où ses besoins, ses désirs et son équilibre émotionnel dépendent étroitement du regard et de l'attention de l'autre.
Cette dépendance excessive engendre souvent un cercle vicieux : plus la personne s'accroche, plus elle risque d'éloigner l'autre, confirmant ainsi sa peur primordiale de l'abandon.
La codépendance est un concept initialement forgé dans le contexte des addictions, spécifiquement pour décrire le comportement des proches de personnes dépendantes à l'alcool ou à des substances. Il émerge aux États-Unis dans les années 1970, en parallèle de la prise de conscience des dynamiques relationnelles au sein des familles d'alcooliques.
Originellement, être codépendant signifiait adopter un comportement centré sur l'autre, jusqu'à s'oublier soi-même, dans une tentative désespérée de contrôler, sauver ou protéger la personne dépendante.
Au fil du temps, le concept de codépendance a transcendé le cadre strict des addictions pour décrire des relations affectives marquées par une anxiété relationnelle intense. Aujourd'hui, la codépendance désigne une tendance à s'investir excessivement dans les relations, à dépendre viscéralement de l'approbation d'autrui pour nourrir son estime de soi, et à éprouver une anxiété dévorante liée à la peur de l'abandon ou du rejet.
Prendre conscience de ces mécanismes permet de mieux comprendre et d'apaiser ces dynamiques relationnelles en travaillant notamment sur la sécurisation de son attachement et sur l'affirmation de soi.
Personnellement, je ne pense pas avoir vécu de véritable codépendance, mais j'ai longtemps navigué avec un attachement anxieux que j'ai laborieusement travaillé en thérapie, me permettant d'atteindre aujourd'hui un attachement bien plus sécurisé. D'ailleurs, plus que de codépendance, Robert Glover préfère parler de « fonctionnement emprunté » (« borrowed functioning »).
Ce concept décrit une situation où l'on s'appuie excessivement sur les compétences, les émotions ou la validation d'autrui pour fonctionner quotidiennement, faute de pouvoir mobiliser ses propres ressources intérieures. Cette perspective souligne l'importance cruciale de cultiver une véritable autonomie émotionnelle plutôt que de vivre par procuration.
Cette démarche, observée avec recul, recèle une dimension profondément auto-centrée : la personne cherche avant tout à éviter l'abandon, à s'assurer d'être aimée – il s'agit fondamentalement d'elle-même, non de l'autre.
Comme l'explique Robert Glover, cela revient implicitement à dire : « regarde comme je suis gentil, regarde tout ce que je fais pour toi, regarde comme il n'y a jamais de problème avec moi ».
L'injustice fondamentale de cette approche réside dans le contrat tacite que le débonnaire établit : « si j'agis ainsi pour toi, alors tu dois agir ainsi pour moi » – mais l'autre ignore tout de ce contrat implicite, et l'émetteur lui-même n'en a souvent pas conscience.
J'évoquais plus haut l'effet « cocotte-minute » des débonnaires, un phénomène que je m'efforce d'éviter mais auquel je me dois d’avour que je succombe encore régulièrement.
Robert Glover explique que cela peut culminer en un véritable déversement victimaire : « regarde comme tu me traites alors que moi, j'ai fait tout cela pour toi, et moi, et moi... »
L'injustice fondamentale tient au fait que le débonnaire incrimine l'autre pour des choses qu'elle n'a jamais explicitement demandées.
Parfois, ce comportement sabote la relation elle-même : à force de vouloir éviter de heurter qui que ce soit, on finit par causer des blessures bien plus profondes.
Je me souviens d'une situation emblématique entre une amie très proche, de passage à Paris, et ma nouvelle compagne de l’époque, il y a 15 ou 20 ans.
Toutes deux souhaitaient me voir au même moment, et je désirais les voir toutes les deux.
Plutôt que d'aborder franchement la situation avec l'une ou l'autre, j'ai tenté de les voir toutes les deux, résultant en une double frustration : aucune n'avait eu suffisamment de mon temps.
Sur le moment, j'ai trouvé leur réaction profondément injuste, alors qu'il aurait suffi d'exprimer clairement la situation, sans craindre un désaccord imaginaire, pour que tout se résolve naturellement.
En réalité, nous présupposons les réactions des autres sans jamais solliciter leur avis – c'est l'un des travers majeurs des débonnaires, qui deviennent ainsi, paradoxalement, manipulateurs.
Le paradoxe, c'est que j'apprécie profondément cette facette de ma personnalité : ma générosité, mon empathie, ma nature accommodante.
La question n'est évidemment pas de renier ces qualités, mais plutôt d'apprendre à reconnaître ce qui nous dérange, à l'exprimer sereinement et à établir des limites claires.
Dit ainsi, cela semble simple – mais je sais pertinemment qu'on ne réalise souvent qu'après coup qu'on n'a pas respecté ses propres limites.
Comment s'extraire de ces mécanismes, ou comment accompagner quelqu'un qui s'y reconnaît ?
Je crois que l'essentiel réside dans la communication ouverte, la compréhension des traumas sous-jacents, puis un travail personnel, en couple et généralement avec un thérapeute in fine.
Un conseil précieux que j'ai reçu et que je m'efforce d'appliquer : quand on est fondamentalement cérébral, il peut être révélateur de se tourner vers des approches thérapeutiques centrées sur le corps – et inversement.
Notre tendance naturelle nous pousse vers des thérapies qui font écho à notre fonctionnement, mais l'inverse peut s'avérer profondément transformateur.
J'ai d'ailleurs consacré plusieurs épisodes au corps, notamment sur la posture juste avec Thierry Janssen, chirurgien devenu thérapeute, sur le nerf vague avec Ludovic Leroux, ou encore sur l'intelligence corporelle avec Eve Berger.
On peut commencer par cultiver l'affirmation de soi, apprendre l'art du refus, exprimer clairement ses ressentis, et privilégier son bien-être personnel.
S'exercer simplement à dire « non » dans des contextes peu menaçants pour renforcer progressivement sa confiance.
C’est en tout cas, ce que je m’assigne à faire.
Parallement, si cela peut résonner avec vous, consignez régulièrement dans un journal les situations où vous avez peiné à établir vos limites, en identifiant précisément ce que vous auriez préféré dire ou faire.
Une thérapie cognitive comportementale (TCC) peut également vous aider à repérer vos schémas de pensée automatiques et à les remplacer par des perspectives plus réalistes et affirmées.
De mon côté, je crois que je vais aller avec un thérapeute somatique pour terminer le travail déjà bien débuté.
Si vous n’êtes pas concernée mais que vous côtoyez une personne encline à cette gentillesse excessive, vous pouvez l'aider délicatement à prendre conscience de ses propres limites.
Au lieu d'entretenir indirectement ce déséquilibre, encouragez-la à exprimer clairement ses désirs et besoins, même lorsqu'ils diffèrent des vôtres.
Proposez-lui des échanges réguliers où elle peut s'exercer à l'affirmation de soi, dans un espace sécurisant où elle peut librement exprimer ses véritables émotions.
Évitez tout jugement ou culpabilisation, mais valorisez chaque avancée, même infime, vers l'affirmation personnelle.
Je diverge de Robert Glover concernant sa vision des relations de genre – son livre s'adresse aux hommes et soutient l'idée que la masculinité serait menacée.
Dans notre conversation, il explique qu'historiquement, en raison du patriarcat, les femmes dépendaient financièrement de leurs maris puisqu'elles ne travaillaient pas (ce qui, soit dit en passant, est inexact pour le Moyen Âge).
Selon lui, la situation s'est inversée : les femmes seraient devenues plus compétitrices que les hommes.
Ces derniers seraient plus passifs, se retrouveraient en position de dépendance, cherchant désespérément à séduire et à plaire.
Il dépeint également les réseaux sociaux et les services comme Uber ou Deliveroo comme des « assassins de la masculinité », renforçant prétendument la passivité masculine.
Pendant ce temps, les femmes seraient constamment dans la prise de décision et l'action. Elles travaillent majoritairement et, de retour au foyer, assument l'essentiel de la charge mentale et des responsabilités parentales (école, médecin, anticipation des besoins...) – toutes ces activités s'inscrivant dans une dynamique d'action associée, selon lui, à une énergie « masculine ».
Selon lui, elles auraient besoin qu'on honore leur féminité, tandis que les hommes devraient reprendre les rênes décisionnelles et l'initiative, sans pour autant chercher à contrôler leurs partenaires.
Je ne m’oppose pas totalement à ces pensées mais n'ayant pas approfondi cette dimension avec lui, je peine à cerner pleinement sa pensée
Toutefois, il me semble important de mentionner que certains lui reprochent une approche qualifiée de masculiniste.
Je consacrerai prochainement une newsletter à la masculinité – un sujet fascinant, tant je constate la désorientation de nombreux hommes face à des demandes féminines parfois contradictoires, qu'elles soient conscientes ou non.
Si la gentillesse demeure une valeur cardinale, elle doit s'exercer dans un respect égal de soi-même et d'autrui. Comme l'écrivait George Orwell à propos de son engagement contre le fascisme durant la guerre civile espagnole : « Si vous m'aviez demandé pourquoi j'avais rejoint la milice, j'aurais répondu : 'Pour lutter contre le fascisme', et si vous m'aviez demandé pour quoi je me battais, j'aurais répondu : 'Pour la décence commune'. »
Cette « décence commune » pourrait bien constituer la clé d'une gentillesse authentique – non pas une gentillesse qui mendie l'approbation à tout prix, mais une bienveillance ancrée dans l'intégrité personnelle, consciente de ses propres limites tout en s'ouvrant généreusement aux autres.
Le chemin est sinueux, semé d'obstacles, mais chaque pas vers cette authenticité représente une victoire.
Car être véritablement gentil, c'est avant tout être vrai.
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Anne-Sophie Simpère est journaliste et auteure engagée.
Depuis plusieurs années, elle enquête sur les mécanismes d’influence qui façonnent nos sociétés dans l'ombre.
Dans son dernier travail d’investigation, elle met en lumière un réseau méconnu du grand public, mais dont l’impact est colossal : le réseau Atlas.
Je n'en n'avais jamais entendu parlé et j'ai été sensibilisé par un article de Anne Sophie tant et si bien que j'ai décidé de la contacter pour en faire un épisode ensemble.
Car ce que j'ai découvert m'a vraiment epoustouflé!
Nous savons tous que les lobbies existent et qu’ils influencent les décisions politiques et économiques.
Mais ce que révèle Anne-Sophie, c’est l’ampleur d’un système structuré, international, et profondément enraciné dans les sphères du pouvoir.
Le réseau Atlas, créé en 1981 aux États-Unis, regroupe plus de 500 think tanks dans une centaine de pays et fonctionne comme une véritable machine à influencer les idées.
Son objectif ? Diffuser une vision ultralibérale et conservatrice du monde, en infiltrant les débats publics, les médias, et même les formations politiques.
Officiellement, ces organisations défendent « la liberté économique ». Mais derrière ce discours, ce sont des stratégies bien rodées qui sont mises en place pour défendre les intérêts des grandes fortunes et des multinationales.
En France, des structures comme l’IFRAP, Contribuables Associés ou l’Institut de Formation Politique en sont des relais.
Ces think tanks participent activement à la diffusion d’un discours qui pousse toujours plus loin la dérégulation économique, la privatisation des services publics et la remise en cause des politiques sociales et environnementales.
Anne-Sophie nous explique comment ce réseau agit :
- Astroturfing : la création de faux mouvements citoyens pour donner une illusion de soutien populaire.
- Chambres d’écho médiatiques : des experts issus des think tanks du réseau sont invités partout pour diffuser les mêmes éléments de langage.
- Manipulation de l’information : des études biaisées, des rapports tronqués et des messages simplifiés pour toucher l’opinion.
- Stratégie de long terme : financer des écoles, former des jeunes leaders politiques, et s’assurer une présence constante dans les sphères de pouvoir.
Nous parlons aussi de la droitisation du débat public, de l’influence des médias, et de la manière dont ce type de réseau a participé à l’élection de personnalités comme Donald Trump ou Javier Milei.
Mais au-delà du constat, cet épisode pose aussi une question essentielle : comment nous protéger face à ces stratégies d’influence invisibles ? Parce que nous sommes tous concernés.
Si vous voulez mieux comprendre les forces invisibles qui influencent nos opinions et nos décisions, cet épisode est fait pour vous.
00:00 - Introduction : qui est Anne-Sophie Simpere ?
01:23 - Le réseau Atlas : une influence méconnue
04:09 - Pourquoi ce réseau pose problème
07:48 - Les techniques de manipulation utilisées
10:29 - Comment les idées se sont droitisées en France
15:39 - Fake news et désinformation : un outil clé du réseau Atlas
20:19 - Trump, l’extrême droite et le rôle du réseau Atlas
25:29 - Le financement opaque des think tanks français
30:17 - Pourquoi les citoyens devraient s’y intéresser
35:26 - L’astroturfing : créer de faux mouvements populaires
47:52 - Comment se protéger de la manipulation de l’information
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Julien Bobroff, physicien spécialiste de la matière quantique et professeur à l’Université Paris-Saclay, a le don de rendre accessible l’un des domaines les plus fascinants et mystérieux de la science : la physique quantique.
Dans cet moment tiré d'un épisode enregistré il y a 2 ans et demi (lien plus bas), nous parlons de quelque chose d’assez troublant : nous sommes majoritairement faits de vide. Nos atomes sont essentiellement composés d’espace vide, et pourtant, nous ne passons pas à travers les murs et nous ne sommes pas transparents. Pourquoi ? C’est là qu’intervient le principe d’exclusion de Pauli, une règle fondamentale de la physique quantique qui explique pourquoi la matière a une structure et pourquoi nous pouvons interagir avec notre environnement.
J’ai questionné Julien sur les bases de la matière : comment les atomes sont-ils construits ? Pourquoi les électrons ne s’effondrent-ils pas sur le noyau ? Il nous explique avec des images simples et percutantes comment les particules quantiques se comportent, et pourquoi ces découvertes ont des implications bien concrètes.
Nous avons également parlé de la révolution technologique en cours, rendue possible grâce à la physique quantique. Des ordinateurs quantiques capables de résoudre des problèmes complexes aux capteurs ultra-précis, en passant par la cryptographie quantique qui promet une sécurité absolue des communications, ces avancées pourraient bien changer le monde dans les années à venir.
Si vous vous êtes déjà demandé comment fonctionne la physique quantique ou pourquoi nous pouvons toucher les objets alors que nous sommes essentiellement du vide, cet épisode va éclairer vos lanternes !
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Salomé Saqué, journaliste engagée et autrice du livre Résister, revient sur le succès de son ouvrage et nous alerte sur les dangers de la montée de l’extrême droite en France et à l’international.
C'est la 2eme fois que Salomé vient sur ce podcast (lien plus bas) et notre conversation est très à la cool car nous nous connaissons bien et je pense que ca rend la conversation d'autant plus agréable mais vous me direz :)
Son objectif n’était pas seulement d’informer à travers son petit ouvrage, mais de donner des outils à chacun pour éveiller les consciences et amorcer des conversations essentielles.
Mais cette réussite n’efface pas son inquiétude.
Car si elle documente l’extrême droite depuis des années, elle observe une accélération préoccupante de ses stratégies et de son implantation politique.
Pourquoi cette montée en puissance ? Elle nous explique que l’extrême droite ne répond pas aux problèmes qu’elle instrumentalise, mais sait parfaitement exploiter la colère sociale et les inégalités grandissantes.
Ce sont ces injustices économiques et sociales, bien réelles, qui nourrissent un vote de rejet et de désespoir.
Nous avons analysé ensemble les dynamiques internationales, notamment la montée du parti d’extrême droite allemand AFD, qui a doublé son nombre de voix en quatre ans.
Salomé insiste sur un fait alarmant : les partis traditionnels de droite adoptent de plus en plus les idées et le langage de l’extrême droite, brisant ainsi le « cordon sanitaire » qui les séparait autrefois.
Une stratégie qui, selon elle, ne fait que légitimer et renforcer ces idéologies.
Nous avons également évoqué la stratégie de dédiabolisation du Rassemblement National, qui oscille entre une façade rassurante et des liens toujours plus explicites avec les figures du trumpisme et de l’extrême droite mondiale. Marine Le Pen et Jordan Bardella tentent d’apparaître comme fréquentables, tout en tissant des alliances avec des figures comme Elon Musk ou Steve Bannon.
Mais jusqu’où peuvent-ils aller sans se dévoiler totalement ?
Salomé me partage aussi sa vision des risques réels d’un basculement autoritaire. Contrairement à l’idée d’un coup d’État brutal, elle explique que les régimes autoritaires s’installent progressivement, par des lois liberticides qui paraissent anodines, des changements subtils dans les institutions, et une normalisation des discours extrémistes.
Elle cite une étude qui montre qu’il suffirait de 18 mois pour détruire l’État de droit en France, de façon parfaitement légale. Une réflexion glaçante qui nous amène à nous interroger sur la résilience de nos démocraties.
Une autre question fondamentale traverse notre échange : sommes-nous encore en démocratie ?
Beaucoup, notamment à gauche, estiment que les nombreuses restrictions sur les libertés publiques, la répression des manifestations et la concentration des pouvoirs sous la présidence Macron montrent déjà une dérive autoritaire.
Salomé nuance : oui, la démocratie française est affaiblie, mais nous n’avons pas encore basculé. Et c’est précisément maintenant qu’il faut réagir, avant qu’il ne soit trop tard.
Elle insiste sur le fait que l’histoire montre que les populations qui basculent dans des régimes autoritaires ne l’ont souvent pas vu venir.
Nous avons également abordé le parallèle entre notre époque et la dystopie de La Servante Écarlate.
Dans la série, le basculement vers un régime oppressif ne se fait pas en un jour. Il est progressif, insidieux, et s’installe alors que les citoyens sont trop sidérés ou désabusés pour réagir.
Un parallèle troublant avec ce que nous observons aujourd’hui : l’abondance d’informations, la multiplication des crises et des scandales rendent difficile la prise de recul et la mobilisation.
Face à cela, comment résister sans sombrer dans le désespoir ? Salomé reconnaît que l’ampleur du combat peut paraître écrasante. Elle-même lutte parfois contre le sentiment d’impuissance.
Mais elle rappelle une citation essentielle de Jean-Paul Sartre : « La résistance est un refus de céder au désespoir. »
Et c’est là que la joie entre en jeu. Contre toute attente, c’est sur ce thème que nous terminons notre conversation.
Pour Salomé, l’un des enjeux majeurs de la résistance est de préserver la joie, non pas comme un luxe, mais comme une nécessité pour tenir dans la durée. Rester ensemble, créer du lien, se nourrir d’art, de culture, d’engagement collectif… c’est cela qui nous rendra forts face à la montée des périls.
Un épisode riche, puissant et essentiel pour comprendre les enjeux politiques d’aujourd’hui et se préparer aux défis de demain.
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Ibrahim Maalouf, est un musicien hors pair mais également professeur. Dans l'épisode (lien en dessous) nous avons parlé de mille choses mais je voulais vous faire ressortir cet extrait pour parler du lien profond entre improvisation et vulnérabilité.
Dans ce moment, il explique pourquoi improviser, c'est comme se regarder dans un miroir, sans filtre, sans masque.
Il faut accepter de se voir tel que l’on est, avec nos forces et nos failles. Un exercice difficile, mais essentiel pour être sincère dans sa musique – et peut-être même dans sa vie.
Nous parlons aussi de la transmission : comment enseigner cette capacité à lâcher prise, notamment à des musiciens de haut niveau ? Ibrahim partage une approche surprenante : il apprend à ses élèves à se tromper volontairement, car l’erreur est le point de départ de la créativité.
Enfin, il nous invite à une réflexion plus large sur l’universalité et le vivre-ensemble. Pour lui, l’improvisation est bien plus qu’une technique musicale, c’est un art de la connexion, un moyen de réunir des personnes aux parcours et aux cultures différentes.
Un moment que j'espère inspirant qui nous questionne sur notre rapport à l’authenticité, à la perfection et à la manière dont nous interagissons avec le monde.
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Sébastien Devaud, alias Agoria, est bien plus qu’un simple DJ ou producteur : il est un artiste complet, explorateur de sons et de concepts.
Et pour moi c'est une différence vraiment essentielle quand j'ai réfléchi à qui recevoir sur Vlan! pour parler de musique électronique.
Dans cet épisode, nous parlons de son parcours exceptionnel, de l’impact de la French Touch, de ses débuts dans les raves clandestines, jusqu’à jouer pour les Jeux Olympiques et exposer au Musée d’Orsay.
Dans cette conversation, nous plongeons dans les racines de la musique électronique, son histoire contestataire et l’évolution du mouvement depuis les raves interdites des années 90 jusqu’à son institutionnalisation avec des événements comme les Jeux Olympiques de Paris 2024, où Agoria a eu l'honneur de jouer. Nous discutons aussi de la French Touch, ce mouvement qui a propulsé la musique électronique française sur la scène mondiale avec des artistes comme Daft Punk, DJ Mehdi, Etienne de Crécy ou encore Bob Sinclar.
Agoria nous explique pourquoi ce phénomène a pris tant d’ampleur et comment, en parallèle, il a développé sa propre identité musicale, plus influencée par la techno de Détroit que par l’électro parisienne.
On parle aussi du festival des Nuits Sonores, qu’il a cofondé à Lyon, avec une ambition claire : offrir un espace d’expression à la musique électronique et aux cultures alternatives, dans des lieux atypiques et éphémères. Agoria nous raconte les coulisses de la création de ce festival, ses premiers échanges avec la mairie de Lyon, et comment ce qui était au départ un événement contestataire est devenu l’un des rendez-vous incontournables du paysage électronique européen.
Mais cette conversation dépasse largement le cadre de la musique. Agoria est un artiste qui réfléchit en permanence au rôle de la création dans notre société et à la manière dont la technologie, et en particulier l'intelligence artificielle, transforme notre façon de produire et de consommer l’art. Il s’interroge sur la place grandissante de l’image dans l’industrie musicale et sur l’évolution des algorithmes qui façonnent nos goûts et influencent même les programmations des festivals. Peut-on encore être un artiste à l’ère des réseaux sociaux et du streaming optimisé pour la rentabilité ? Où se situe la frontière entre l’artiste et le businessman ?
Enfin, nous abordons un autre sujet fascinant : la transe musicale et l’impact de la fête sur notre rapport au monde. Que ce soit dans les raves des années 90 ou à Burning Man, Agoria partage son point de vue sur ces expériences collectives où la musique transcende les individus et crée des moments de pure liberté.
Et pour finir, il revient sur son exposition au Musée d’Orsay, où il a présenté une œuvre mêlant technologie et art vivant, et sur son expérience de jouer pour la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Un accomplissement incroyable qui symbolise à quel point la musique électronique a parcouru du chemin depuis ses débuts underground.
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